LA CHOSE D’UN AUTRE MONDE (The Thing from Another World) de Christian Nyby (1951)

LA CHOSE D’UN AUTRE MONDE

Titre original : The Thing from Another World
1951 – Etats Unis
Genre : Fantastique
Durée : 1h27
Réalisation : Christian Nyby (et Howard Hawks)
Musique : Dimitri Tiomkin
Scénario : Charles Lederer d’après l’œuvre de John W. Campbell Jr.
Avec Kenneth Tobey, Robert O. Cornthwaite, Douglas Spencer, Margaret Sheridan, James R. Young et Robert Nichols

Synopsis : Des scientifiques découvrent un vaisseau spatial prisonnier de la banquise arctique. En tentant de l’en extraire à l’aide de bombes thermiques, ils le détruisent. Néanmoins, ils décèlent sous la glace un corps extraterrestre. Ils ramènent à leur base le spécimen, figé dans un bloc de glace. Lorsque ce dernier fond accidentellement, libérant du même coup « la chose », toute la population de la base est menacée.

Durant les années 50, les films d’invasion venues d’ailleurs, ou encore de créatures mutantes (et géantes, forcément) sont monnaie courante. Même Ed Wood s’y sera mit ! C’est l’après guerre, l’après Hiroshima. Howard Hawks va alors piocher dans une nouvelle de 1938 signée John W. Campbell Jr., utilisant le pseudonyme de Don A. Stuart. Quelques changements sont opérés au niveau de l’intrigue mais également au niveau de la Chose en elle-même du titre. Car oui, nous sommes en 1951, le budget est de 40 000 dollars, et les techniques ne sont pas encore là pour adapter fidèlement la nouvelle. Finalement, c’est John Carpenter en 1982 qui retournera à une version plus fidèle, mais néanmoins personnelle de la Chose. Ici donc, on nous apprend que La Chose est un organisme dont la structure cellulaire est plus proche de la végétation, et qui a besoin de sang pour survivre. La Chose ne prend donc pas la forme des êtres vivants qu’elle croise. Howard Hawks produit donc le film, mais là encore, c’est un vaste débat, puisque suivant les sources et les interviews des différents intervenants (équipe technique comme acteurs), Hawks aurait réalisé la plupart des scènes, et aurait participé à l’écriture du film sans être crédité. Vaste débat donc. Et le film donc en lui-même ? Il faut bien avouer que plus de 60 ans après, le métrage tient toujours la route.

Pas étonnant que le film soit d’ailleurs considéré par des cinéastes importants comme un modèle du genre, comme John Carpenter bien entendu, mais également Ridley Scott ou Tobe Hooper. Car La Chose d’un Autre Monde est un film fait avec le plus grand des sérieux, et surtout une manière de faire les choses que l’on reconnait dans l’œuvre des cinéastes cités. Car ici, pas question d’accumuler des effets un peu ratés afin de justifier le titre, non, mais soigner l’emballage général et les personnages afin de rendre l’ambiance intéressante, et de rendre les attaques de la Chose (rares) crédibles. Nous nous retrouvons donc à suivre une équipe dans une station militaire américaine qui va découvrir une soucoupe volante bloquée sous la glace. En voulant la libérer grâce à des bombes thermiques, ils détruisent le vaisseau mais parviennent néanmoins à récupérer un corps extraterrestre congelé. Corps qu’ils vont ramener à leur base. La suite, on la connait, et même sans la connaître, on s’en doute, la créature va revenir à la vie et s’en prendre aux différents membres de la base. Mais La Chose d’Un Autre Monde est avant tout un film d’ambiance. Et comme dit plus haut, pour que l’ambiance fonctionne, il faut soigner l’ensemble.

Bingo, Christian Nyby (ou Howard Hawks, mystère) a soigné l’ensemble. La mise en scène est sobre et renforce l’aspect psychologique. Les personnages, s’ils seraient aujourd’hui considérés comme clichés (oui, on a le chef de la base qui veut tuer la Chose, le journaliste qui veut faire un article dessus, le docteur qui s’émerveille devant une telle découverte), sont néanmoins bien écrits, et bien interprètes. Même la secrétaire (oui il y a un personnage féminin) évite d’être la fille qui ne fera que crier, ou se faire capturer. Cela fait toujours plaisir à voir. Même lorsque la Chose sera réveillée, le film préfère avant tout miser sur l’ambiance, en filmant la créature de loin, parfois en extérieur dans le blizzard, sans jamais en faire trop. Elle s’en prendra tout d’abord aux chiens de la base pour survivre (comme chez Carpenter, mais en moins visuel). Les gros plans de la créature auraient d’ailleurs été coupés au montage car ne fonctionnant pas. Ses apparitions restent rares mais plutôt marquantes encore aujourd’hui, même si on pourra regretter son aspect tout simplement humanoïde, mais bon, 1951 n’est-ce pas. Certes, aujourd’hui, on pourra dire que le métrage a prit un bon coup de vieux, mais il garde indéniablement son charme grâce à son sérieux.

Les plus

Sérieux dans son approche
Misant avant tout sur l’ambiance
La Chose, peu montrée

Les moins

Très différent de la nouvelle
Ça a malgré tout vieillit

 En bref : Malgré de nombreux changements comparé à la nouvelle, Howard Hawks livre un métrage de science fiction prenant et réussi.

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